Modernisme

La forte croissance économique que connaît la plupart des pays marque de son empreinte l’urbanisme de la Mère commune. En effet, depuis la sortie de la Seconde Guerre mondiale et durant trois décennies, la Ville du Locle bénéficie d’un boum économique et démographique important.

Des tours et des bâtiments modernes

Au niveau urbanistique, l’heure est à la Tabula rasa et au modernisme. Le but pour les autorités de l’époque : faire revenir au centre ville la population. En effet, cette dernière est encline à se rendre en priorité en périphérie, c’est-à-dire dans des appartements plus modernes et confortables. Le centre ville connaît alors de nombreuses transformations. Celles-ci sont facilités par l’accessibilité des capitaux, la croyance en une croissance économique continue et la vétusté de certaines constructions du 19ème siècle, reposant sur pilotis.

Ces nouvelles constructions prennent souvent la forme de tours. Leur symbolique est diverse. Elle est signe de puissance, à la fois technique, économique et financière. A contrario, dans l’imaginaire collectif, elle peut également être la marque de la décadence d’une société ou d’une civilisation (tour de Babel, tours jumelles,…). Au niveau de l’aménagement du territoire, celui-ci permet de limiter et de rationaliser l’utilisation du sol.

En 1961, après la démolition de l’ancienne bâtisse à la rue Envers 39, une tour est érigée. Abritant des logements et des activités industrielles, celle-ci passera à la postérité sous le nom de “Tour Becker”.

En 1965, à la suite de la démolition de l’immeuble Henri Grandjean 1, une tour de 7 étages et d’un rez-de-chaussée s’élève. Outre des commerces, le bâtiment comprend une cinquantaine de logements, composés de studios et de deux pièces et demie.

En 1967, sur l’emplacement de l’ancien temple allemand (rue du Marais 36), l’Armée du Salut érige un bâtiment moderne, accueillant des personnes âgées.

En 1974, la Poste inaugure ses nouveaux locaux à la rue Bournot. La société déménage alors de l’Hôtel des Postes, lieu dans lequel elle résidait depuis plus d’un siècle.

Les tours “vertes”

En 1975, trois tours vertes sortent de terre. Avec son complexe médical, sa piscine couverte, son fitness et piscine (aujourd’hui disparue), ses commerces et sa mixité, celles-ci s’inscrivent dans une politique de développement durable. Toutefois, avec une hauteur de plus de 50 mètres, l’impact visuel et patrimonial crée immédiatement la controverse. D’ailleurs, le projet initial ne compte pas moins de 8 tours !

On ne peut fuir devant le progrès

Le Locle est un immense chantier en ce tournant du début des années septante. Ce qui vit doit mourir. Le centre ville se transforme, à l’instar du développement de la périphérie. L’industrie n’est d’ailleurs pas en reste avec, en 1970, de nouveaux bâtiments modernes et spacieux pour Rolex et Dixi.

En 1970, un journaliste de l’Express commente :  “Même si quelques vieux loclois voient avec une certaine émotion disparaître le style de la vieille ville, ils devront admettre que l’on ne peut fuir devant le progrès. A condition de savoir l’utiliser à bon escient. Ce qui est le cas.” (1).

Et soudain…

En 1975, la crise frappe l’ensemble des pays occidentaux. Le projet global de tours vertes s’arrête, à l’instar d’autres réalisations. Ce changement de cap permettra progressivement une prise de conscience sur la préservation du patrimoine.

En 1987, les bâtiments Daniel-Jeanrichard 27, comprenant l’Hôtel des “Trois Rois”, et 29 font place à des bâtiments modernes.

Le Locle, ville sur pilotis

Le Locle vient de “lasculus” qui signifie le “Lac”. Source de vie, l’eau attira les premiers habitants des Montagnes dans la vallée du Locle. Pourtant, source également de mort et de dangers, l’eau et sa maîtrise occupèrent une partie importante du temps de ses habitants. Il fallut la dompter, la canaliser et limiter les inondations.

Les bâtiments du centre de la vallée de la Mère commune sont ainsi construits sur pilotis bois. Pour exemple, l’Hôtel de Ville est posé sur… 1244 pilotis ! Il fallut une ingéniosité remarquée et remarquable de la part des constructeurs des différentes époques qui se sont sucédés.

Avec le temps, cette disposition génère un risque de fragilisation de la stabilité des lotissements.  

Photos

Christian Galley (arcinfo.ch)

Notes

1. L’EXPRESS, Collèges, usines, station d’épuration, 6 octobre 1970

 

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