Philosophie

“L’École d’Athènes”, fresque du peintre Raphaël (1483-1520) 

La philosophie vient du grec philo (φιλεῖν), qui signifie “aimer“, et de sophia (σοφία), la “sagesse“. Celle-ci désigne ainsi l’amour de la sagesse. Il s’agit du mouvement de la pensée, qui se développe.

La philosophie part de l’étonnement et du questionnement. Elle pose d’emblée la question : pourquoi ? Contrairement aux poètes et devins, les philosophes développent un esprit critique en s’appuyant sur l’argumentation, la justification et la validation. La compréhension du monde passe par la raison et l’étude des liens de causalité propre à notre réalité. Elle exclut la plupart du temps l’intervention de dieux hypothétiques. Elle pose des questions fondamentales du type : “qui sommes-nous ? où allons-nous ?”.

La philosophie occidentale débute sur un vaste territoire s’étendant de l’Asie Mineure, à l’Italie, la Sicile, l’Égypte et bien entendu la Grèce[1]

Constatant que les choses dans notre monde sont éphémères et périssables, les présocratiques (-600 à – 450) sont à la recherche d’un principe commun et universel. Ils prônent une analyse et une recherche basées sur la raison (logos), s’appuyant sur la pensée théorique et laïque. 

Le siècle dit “de Périclès” (5e siècle avant notre ère) marque l’apogée de la Grèce et par là même celui de la philosophie. Et pourtant, à l’instar de la plupart des grands rendez-vous de l’histoire, ces protagonistes, ces philosophes périront souvent de manière violente. Toutefois, leur pensée survirera : Démocrite et l’atomeHippocrate et la médecineProtagoras et la logique du langageAristophane et la comédie,… et enfin Socrate, incarnation même de la philosophie, condamné à mort pour avoir “corrompu la jeunesse”, et fondateur de l’éthique

L’intérêt pour l’éthique prend de plus en plus d’importance sur la métaphysique, qui semble quant à elle s’enliser dans des « débats internes sans fin »[2].

Il en émergera la question suivante : Qu’est-ce qu’une vie bonne ? Entre le plaisir et la vertu, les épicuriens et les stoïciens consolideront leur pensée durant des siècles. Ces courants sont plus que jamais des ressources à l’heure actuelle pour bien mener sa vie.  

La philosophie médiévale est marquée par la « querelle des universaux » : qu’est-ce que l’« humanité » ou la « chevalité » ? Les généralités, les universels sont-ils de simples noms ou au contraire ont-ils une réalité ? Entre nominalisme et réalisme, cette controverse occupera les philosophes médiévaux [3].  

Au 17e siècle, les rationalistes considèrent que la recherche de la vérité ne s’appuie plus sur une « révélation », mais sur la raison et la déduction. Marqués par Descartes et sa première évidence – la chose pensante : le sujet et son cogito ergo sum – ou Spinoza pour qui la raison ne repose pas sur un dieu transcendantal, mais sur la totalité de la nature (qui est elle-même identifiée à Dieu), les rationalistes réaffirment le prima de la raison.

Les empiristes considèrent pour leur part que l’expérience est première. Toutes nos connaissances tirent leur origine de l’expérience et par là même de l’induction. La répétition d’événements et de phénomènes nous amène à penser qu’une proposition est vraie. Il en va de même de nos jugements moraux, s’appuyant avant tout sur les sentiments. Locke, Hume ou Berkeley en seront les principaux représentants.        

Il est vrai que l’histoire de la philosophie est souvent complexe, car les penseurs sont en avance sur leur temps[4].

Cette page n’a pas pour but d’exposer la pensée ou un système philosophique dans sa totalité, mais d’offrir quelques clés à la compréhension du monde et de son fonctionnement au travers de différents philosophes.

[En construction]

Sigmund Freud
Sigmund Freud
1900
Maître du soupçon

Et si nos états mentaux n’étaient pas si transparents et accessibles que cela? Et si la conscience de nos représentations et de nos actes, tant mise en avant par les philosophes, n’était en définitif que le fruit d’une partie bien plus obscure de notre personnalité : l’inconscient.  L’inconscient est au centre…
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Friedrich Nietzsche
Friedrich Nietzsche
1870
Maître du soupçon

Et si nos valeurs morales n’étaient autre qu’une construction sociale ? Relative à une période et à une société donnée, la morale est emplie de contradictions. Nietzsche retrace une généalogie de la morale. “Dieu est mort. Nous l’avons tué… [mais il reviendra] par de-là le bien et le mal”.  Né…
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Karl Marx
Karl Marx
1860
Maître du soupçon

Et si le moteur de l’histoire n’était pas le déploiement du “Geist”, de l’Esprit hégelien et absolu, mais les améliorations et une plus juste répartition des conditions matérielles et sociales de l’humanité ? L’histoire de toute la société n’a été jusqu’ici que l’histoire de la lutte des classes.  Karl Marx…
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Georg W. F. Hegel
Georg W. F. Hegel
1820
Idéalisme allemand

Et si nous parvenions à dépasser les limites de la connaissance posées par Kant et à atteindre l’absolu ? Bref, à comprendre le fonctionnement du Monde dans sa totalité ? Et si la réalité, son dynamisme, sa persistance et son mouvement, se déployait et se conscientisait de manière dialectique ?…
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Emanuel Kant
Emanuel Kant
1790
Idéalisme transcendantal

Le célèbre Philosophe de Königsberg, Emanuel Kant, démontra les limites de la connaissance humaine et, en éthique, la nécessité de l’impératif catégorique :  “Agis de tel toujours de telle sorte que la maxime de ton action devienne une loi universelle”. Philosophe prussien, né et mort à Königsberg (actuellement Kaliningrad), Kant…
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Rousseau
Rousseau
1760
Philo des lumières

Et si la propriété était à l’origine de l’inégalité parmi les hommes ? Et si la société avait finalement corrompu les hommes ? Rousseau nous invite à une refonte de notre contrat social : un contrat social permettant le rétablissement de la liberté et de la justice. Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) :…
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Baruch Spinoza
Baruch Spinoza
1650
Rationaliste

Et si notre notion de Dieu, à la fois anthropomorphiste (= d’apparence humaine) et transcendantal, n’était qu’un leurre ? Et si Dieu n’était autre chose que la Nature ? Au-delà du monothéisme et du polythéisme, Spinoza nous offre un saut dans la modernité ! Adoptant une pensée panthéiste. Baruch Spinoza…
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Augustin
Augustin
400
Philo médiévale

Et si le « Temps » était une réalité bien plus complexe qu’il n’y parait ? Intuitif, mais non conceptualisable, le Temps est une notion instable, un non-être. Par ses Confessions, Augustin nous ouvre les portes de l’introspection, de la subjectivité. Augustin d’hippone (354-430) naît en Afrique du nord, dans l’actuelle Algérie, alors…
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Le stoïcisme
Le stoïcisme
300 av. notre ère
Philo classique

Et si une véritable communion avec la nature et la maîtrise de nos affects permettaient de tendre vers la sérénité de l’âme ? L’école du Portique propose une pratique exigeante, se limitant à ce qui relève de notre contrôle, dans un monde cosmopolite où chacun est citoyen du monde.  Pour…
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L’épicurisme
L’épicurisme
320 av. notre ère
Philo classique

Et si supprimer les besoins superflus (la richesse, la gloire…) et viser la tranquillité de l’âme étaient le véritable chemin du bonheur ? Et si la crainte de la mort et des dieux était tout simplement infondée ? Matérialistes et hédonistes, Épicure et Lucrèce nous guident pour atteindre l’ataraxie. Épicure…
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Aristote
Aristote
350 av. notre ère
Philo classique

Aristote prend le contre-pied de son maître, Platon, en remettant sur « Terre » l’essence des choses. Contrairement à la théorie platonicienne des Idées, l’essence des choses est immanente. S’intéressant à tous les domaines de son époque, Aristote constituera l’un des trois systèmes les plus importants de l’histoire de la philosophie. Aristote…
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Platon
Platon
380 av. notre ère
Philo classique

Platon reprend la problématique de la recherche d’un principe permanent et premier. Et si le monde éphémère et en devenir dans lequel nous évoluons n’était qu’une image dérivée d’un autre monde : celui des Idées ?

Socrate
Socrate
400 av. notre ère
Philo classique

“Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien”. Socrate est l’incarnation de la philosophie occidentale et, selon l’oracle de Delphes, l’homme le plus sage de son temps. Il est l’un des fondateurs de la philosophie morale.  Sa méthode : la “maïeutique”, l’art de faire accoucher (les âmes);…
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Les sophistes
Les sophistes
440 av. notre ère
Présocratiques

Si les faits sont objectifs, ceux-ci peuvent être sujets à interprétation. Et si le langage permettait de convaincre, d’établir des lieux communs et par là même des « vérités » partagées ? Les sophistes ont été les maîtres de la rhétorique, c’est-à-dire de l’art de convaincre. Avec l’avènement de la démocratie, les débats…
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Les éléates
Les éléates
500 av. notre ère
Présocratiques

Les écoles italiennes se caractérisent par l’expérience intellectuelle couplée à une pratique de transformation de la vie. Pour les éléates et notamment Parménide, le principe de toute chose est l’Étant, l’Un, cette unité homogène de l’Univers, immuable, éternel, sans commencement, ni fin… Bref, hors du temps.   Xénophane (570-475 av. n.…
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Les pythagoriciens
Les pythagoriciens
600 av. notre ère
Présocratiques

Les écoles italiennes se caractérisent par l’expérience intellectuelle couplée à une pratique de transformation de la vie. Et si l’Univers, qui semble tellement ordonnancé, était fondé sur quelque chose de rationnel et d’intelligible ? Pour les pythagoriciens, le principe premier sont les nombres et le rapport entre eux.  Pythagore (570-490…
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Les penseurs ioniens
Les penseurs ioniens
600 av. notre ère
Présocratiques

Les penseurs ioniens ont expliqué le fonctionnement du monde par la raison. Se rendant compte que tout changeait, tout périssait, ils se sont alors posés une simple question : « Y a-t-il quelque chose de persistant et permanent à travers le changement ? ». Cette chose, c’est la substance. Les…
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Piliers de la philosophie chinoise
Piliers de la philosophie chinoise
650 av. notre ère
Philosophie chinoise

La philosophie chinoise constitue une pensée incontournable par sa dimension et sa portée historique que par ses différences avec la philosophie occidentale. Si la première s’appuie avant tout sur l’exemplarité, la fluidité de la pensée et la synthèse, la seconde repose sur la démonstration, la rigueur de l’argumentation et l’analyse. …
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A suivre…

Bibliographie

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique : histoire de la philosophie, Paris, 2011.

HUISMAN, Denis (dir.), Dictionnaire des 1000 œuvres-clés de la philosophie, France, 1993.

LHÉRÉTÉ, Héloise, Les sagesses antiques, France, 2023.

PARAIN, Brice (dir.), Histoire de la philosophie, vol. 1, France, 1969.

SCHULTHESS, Daniel (prof.), cours sur l’histoire de la philosophie, Neuchâtel, 1998-1999.

[1] À son apogée, l’Empire Grecque fonde nombre de cités à travers l’Europe, que ce soit Marseille (la cité phocéenne), Nicée, Syracuse, certaines sur les côtes hispaniques et bien d’autres… et ce jusqu’en Mer Noire.

[2] Philosophie magazine, S’initier à la philosophie, hors-série n° 59, 2024.  

[3] Elle est également préoccupée par le rapport entre la foi et la raison. Entre la « révélation » d’un dieu et la pensée de Platon (puis d’Aristote à partir du 12e siècle), la question du primat de l’un et de l’autre occupera nombre de réflexion de la scolastique.

[4] Pour intégrer une problématique contemporaine, à savoir celle du genre, forcée de reconnaître que les philosophies qui sont passées à la postérité étaient souvent des hommes… et si au delà d’eux, la “substance”, c’est-à-dire l’élément qui soutient l’ensemble, n’était autre que la femme?  Simple question contemporaine et finalement sans peu d’importance, car la femme est aussi périssable que l’homme.