L’épicurisme

Et si supprimer les besoins superflus (la richesse, la gloire…) et viser la tranquillité de l’âme étaient le véritable chemin du bonheur ? Et si la crainte de la mort et des dieux était tout simplement infondée ? Matérialistes et hédonistes, Épicure et Lucrèce nous guident pour atteindre l’ataraxie.

Épicure (342-271 av. notre ère) fonde à Athènes une école dans un jardin. Matérialiste, atomiste et hédoniste (le plaisir comme principe premier), sa philosophie se répand sur l’ensemble du monde romain.

Épicure s’inscrit dans la continuité de Démocrite (460-370 av. notre ère). Démocrite et les atomistes pensaient que le monde était constitué de vide et d’éléments indivisibles : les atomes. Ces derniers sont constitués d’une masse, d’une taille et d’une surface. Constitué d’atomes, l’Univers est soumis à une causalité mécanique. La notion de « cause finale », propre à Aristote, est cependant rejetée. Dans cet Univers mécanique, comme le dit Épicure : « rien ne vient de rien et rien ne se perd dans le rien ».

Le matérialisme d’Épicure lui permet de tendre sereinement vers une vie accomplie. Il lui permet d’éradiquer la crainte des dieux et celle de la mort :

  • Les dieux se désintéressent totalement de nos existences, puisque le monde n’a pas besoin d’eux pour fonctionner.
  • La mort, quant à elle, n’est rien d’autre que la fin de nos sensations. Le corps, l’âme et les atomes qui la composent se dispersent. D’ailleurs, nous pensons souvent, égoïstement, que notre mort occasionnera la fin du monde. En vérité, le Soleil continuera de se lever.   

L’éthique d’Épicure : le principe du plaisir

Le but de la vie est le plaisir. Il consiste dans l’absence de douleurs, tant psychiques que physiques.

Pour Épicure, les désirs peuvent être :

  • naturels et nécessaires: manger, boire et se réchauffer.
  • naturels et non nécessaires: manger ou boire tel ou tel type de produits raffinés, avoir un véhicule, mais qui est cher, volumineux et polluant (considération contemporaine).  
  • non naturels et non nécessaires: la richesse et la célébrité.   

Seuls les désirs naturels et nécessaires permettent de s’écarter du superflu et d’être libre. Lorsque nous parvenons à la plénitude et à la sérénité de l’âme, nous atteignons l’ataraxie

Lucrèce (98-56 av. notre ère) a vécu dans la toute fin de la République romaine. Considérant le plaisir comme le Souverain Bien, il reprend la pensée d’Épicure en y intégrant, dans sa physique, la notion de « déclinaison ». Dans leur chute, les atomes dévient très légèrement, ouvrant la porte au hasard et à la liberté. Le monde matérialiste de Lucrèce est ainsi imprégné de nécessité et de liberté, offrant une certaine autonomie à l’Homme. Il ne s’agit pas d’être nostalgique d’un âge d’or, mais de tendre vers le progrès[1], en maîtrisant – dans une certaine mesure –  la nature.

L’Épicurisme, son matérialisme et son hédonisme connaîtront un nombre d’ennemis considérables, mais aussi une multitude de partisans, tels que les libertins ou Karl Marx. Cette pensée libératrice, dans laquelle le bonheur se construit sur Terre[2].     

[1] Hesch, Jeanne, p. 78.

[2] RUSS, Jacqueline, p. 54.