Les sophistes

Si les faits sont objectifs, ceux-ci peuvent être sujets à interprétation. Et si le langage permettait de convaincre, d’établir des lieux communs et par là même des « vérités » partagées ? Les sophistes ont été les maîtres de la rhétorique, c’est-à-dire de l’art de convaincre. Avec l’avènement de la démocratie, les débats d’idées, l‘éloquence et les discours deviennent l’objet de toutes les attentions… ouvrant la porte au relativisme et à la logique du langage.   

Avant d’être péjoratif, le terme « sophiste » semble recouper un dispositif positif, susceptible dans une démocratie de favoriser l’efficacité du langage. Mieux vaut convaincre par le langage que de vaincre sur les champs de bataille. Rétribués pour leur apport et leur discours, les sophistes étaient considérés comme les maîtres de l’art oratoire.

Les sophistes posent ainsi les premières normes du langage. Celles-ci s’appuient d’une part sur la nature (ce qui est naturel ou au contraire « contre nature ») et d’autre part sur la coutume ou la loi. La nature et sa diversité offrent ainsi à l’argumentation des motifs innombrables. Elle peut également revêtir un caractère universel. La coutume ou la loi a, quant à elle, un caractère singulier ou particulier, propre à telle ou telle société. Dès lors, les lois ne relèvent pas ou plus d’un droit divin. Elles sont le fruit des institutions humaines et de leur développement.

Un conflit subsistera entre les tenants de la « nature » et ceux de la « culture ».

Protagoras (490 à 420 av. n. ère) : la biographie de Protagoras est complexe, car les témoignages sont le plus souvent contradictoires, tant sur ses origines que sur sa vie. Protagoras semble néanmoins être un personnage incontournable de la période classique athénienne. Entre « nature » et « culture », Protagoras se positionnait du côté du second : les institutions humaines sont aussi déterminantes que relatives.

« L’homme est la mesure de toute chose »

Loin de s’intéresser au principe premier et commun à toute chose, les sophistes ouvrent la porte au relativisme et à la logique.