Aristote

Aristote prend le contre-pied de son maître, Platon, en remettant sur « Terre » l’essence des choses. Contrairement à la théorie platonicienne des Idées, l’essence des choses est immanente. S’intéressant à tous les domaines de son époque, Aristote constituera l’un des trois systèmes les plus importants de l’histoire de la philosophie.

Aristote fut l’élève de Platon (428 – 348 av. n. ère) et le percepteur d’Alexandre le Grand (356 – 323 av. n. ère). Il fonde le Lycée. Ses disciples s’appellent les péripatéticiens (ceux qui discutent en marchant).

Il s’est intéressé à de nombreux domaines, tels que la physique, la biologie, la métaphysique, la logique, l’éthique, la politique ou l’astronomie. Il constitua un système philosophique conséquent, à l’instar de celui de Thomas d’Aquin (1226 – 1274) au Moyen Âge ou de Wilhelm Hegel (1770 – 1831) à notre époque. 

Pour Aristote, la distinction entre la chose en puissance et en acte est au fondement de son système.  

L’éthique

Aristote présente sa conception la plus aboutie de l’éthique dans son ouvrage Éthique à Nicomaque. Pour Aristote, l’homme est un animal social, en tant qu’il ne peut vivre seul sans perdre sa nature d’homme, et un animal politique, en tant qu’il est intégré à une polis, une cité.

La recherche de tout homme est le Bonheur (eudémonisme). Toutefois, ce bonheur, en tant que fin suprême de toute vie, ne peut être indépendant de celui de la cité. Le Souverain Bien est donc celui du bonheur de la cité.

Ces actions doivent être conformes à la vertu, en tant que disposition acquise et active. L’étude de la vertu passe ainsi par l’étude de l’âme, qui comprend, chez l’homme, l’Intellect et le désir. L’homme peut ainsi bénéficier d’une disposition à tendre vers le bien, mais également doit s’exercer quotidiennement, afin de renforcer celle-ci.

L’homme doit viser, par l’éthique, le bonheur et, par la politique, le bonheur de toute la communauté.  

Une vie moralement bonne consiste donc à connaître les choses belles et justes, mais également à agir conformément à elles[1]. Il s’agit donc d’une philosophie, non pas spéculative, mais bien pratique.

Concrètement, Aristote préconise de tendre vers le juste milieu, c’est-à-dire un point d’équilibre entre deux extrema. Ainsi, le courage est le point d’équilibre entre la lâcheté et la témérité.  

L’éthique consiste donc en un exercice quotidien afin de devenir meilleur et par là même à changer la cité.

Les Catégories

Aristote s’intéresse également à la logique et à la physique. Il est l’homme des catégories et des distinctions. Ainsi, Aristote distingue par exemple la substance et l’accident. Le prédicat peut ainsi être soit l’un, soit l’autre.

  • « Socrate est un homme » : homme est la substance
  • « Socrate est barbu » : barbu est un accident.

Par ailleurs, l’individu a un degré de réalité plus grand que l’espèce.

Aristote eut une influence considérable, et ce depuis l’Antiquité. Ses œuvres furent traduites dès le début du Moyen Âge en arabe. En Europe, il faut attendre le Moyen Âge classique (12e siècle) pour redécouvrir la pensée aristotélicienne.

Les 4 causes

Dans sa Métaphysique, Aristote veut expliquer l’existence de toute chose. En cela, il distingue quatre causes :

  • La cause matérielle : en quoi est faite cette chose ?
  • La cause formelle : quelle est sa forme ?
  • La cause efficiente : comment a-t-elle été créée ?
  • La cause finale : quel est son but ?

Pour exemple, la pyramide de Khéops a été construite :

  • en pierre : la matière est ainsi un principe indéterminé constituant le fondement de tout changement potentiel ;
  • d’aspect pyramidal : la forme détermine alors la matière, lui permettant d’être actif ;
  • par des ouvriers : l’agent permet le mouvement du passage de la puissance à l’acte ;
  • afin d’honorer les morts : la finalité permet de mettre en mouvement l’agent.  

Universaliste, la philosophie d’Aristote embrasse un nombre conséquent de domaines. Elle tend vers le juste milieu, non vers une société idéale (Platon), mais vers la réalité du monde et par là même le champ des possibles. 

[1] Lhérété, Héloise, Les sagesses antiques, France, 2023.