Le stoïcisme

Et si une véritable communion avec la nature et la maîtrise de nos affects permettaient de tendre vers la sérénité de l’âme ? L’école du Portique propose une pratique exigeante, se limitant à ce qui relève de notre contrôle, dans un monde cosmopolite où chacun est citoyen du monde. 

Pour les stoïciens, la philosophie recoupe trois domaines : la physique, la logique et l’éthique.

Contrairement aux épicuriens, les stoïciens pensent qu’une raison divine conduit le monde. Dieu et le monde ne font qu’un. Une cause finale dirige la totalité vers une fin, selon un plan défini. Le monde est ainsi constitué de matière dans laquelle la raison universelle pénètre. Nous sommes dès lors, certes, citoyens d’une cité, mais avant tout citoyen du monde. 

La philosophie stoïcienne vise, elle aussi, l’ataraxie, cette absence de troubles. Ceux-ci résultent de nos attentes erronées sur le monde, qui engendre de la souffrance. Pour bien conduire notre vie, nous devons donc nous conformer à la nature, au cosmos. Il nous faut distinguer ce qui dépend de nous, ce qui est sous notre contrôle, de ce qu’il ne l’est pas.

L’éthique réside dans la maîtrise de notre volonté et de notre jugement. La liberté stoïcienne se limite donc à notre sphère de compétence, c’est-à-dire nos jugements. Si nous sommes dans l’incapacité d’agir, il nous faut changer et maîtriser nos représentations, nos pensées et opinions sur le monde. Le point d’orgue consiste en l’apathie, c’est-à-dire à l’absence d’affects et d’émotions.

Nous vivons non pas pour le plaisir, mais dans un but. Nous avons une tâche spécifique dans un Univers ordonné. 

Comme la plupart des philosophies antiques, le stoïcisme est une discipline, une pratique. Elle est en tout point tournée, non pas vers le plaisir, mais vers la vertu. Elle consiste à : 

  • discipliner son corps
  • contrôler ses affects
  • faire son devoir 
  • bâtir une forteresse intérieure[1].

Cette philosophie a été portée, tant par un esclave affranchi qu’un des plus illustres empereurs romains.

Zénon de Citium (334-262 av. notre ère) : né à Citium (Kition) sur l’ile de Chypre, Zénon suit les cours à Athènes des cyniques (Cratès) et des platoniciens. Celui-ci fait tente de concilier ces deux courants en y intégrant une conception matérialiste. En 301 avant notre ère, Zénon fonde sa propre école, qui eut un rayonnement considérable. Vivant de manière sobre, il donnait son enseignement sous un portique.

Après s’être blessé à un doigt de pied et de la main, Zénon, selon Diogène Laërce, se suicide, acceptant son destin.  

Epictète (50- env. 125) : né esclave en Asie Mineure (à Phrygie), Épictète est vendu à Rome. Affranchi, probablement à la mort de son maître, il fonde une école stoïcienne. En 89, à la suite de l’édit de l’empereur Domitien, qui expulse les philosophes de la cité de Rome, Épictète se retire à Nicopolis (Grèce).   

Ces œuvres sont les Entretiens et le Manuel.

Sénèque (4 av. notre ère – 65) : homme politique, écrivain et philosophe, Sénèque est proche de l’empereur Caligula. Assassiné en 41, Sénèque est condamné à mort, avoir de voir sa peine commuée en exile. Il part en Corse. En 49, il est rappelé par l’empereur Claude pour devenir précepteur de son fils adoptif Néron. Sénèque souhaite lui enseigner le stoïcisme.

En 54, la mère de Néron, Agrippine, fait assassiner son mari, Claude. Néron lui succède. Devenu l’un des hommes plus influents et les plus riches de l’Empire, Sénèque bénéficie dans un premier temps des largesses de l’empereur. Sénèque pousse Néron à se distancer de sa mère, Agrippine. Néron fait alors assassiner sa propre mère. En 62, Sénèque tombe en disgrâce. Il se retire de la vie publique. Son sort est scellé : il doit se donner la mort.  

Marc Aurèle (121 – 180) : Consul, puis empereur romain, succédant à Antonin, Marc Aurèle est élevé dans la tradition helléniste, bercé de lettres. Philosophe et dernier empereur de la Pax Romana, il passe la presque totalité de son règne sur les champs de bataille contraint de défendre les frontières de l’Empire. 

Sa philosophie stoïcienne nous est parvenue par ses Pensées pour moi-même.  

Citations 

Les tourments des hommes ne viennent pas des choses, mais des idées qu’ils se font des choses, Épictète.   

Notes

[1] Philosophie magazine, S’initier à la philosophie / Hors série, n° 59, 2024, p. 16.