Les penseurs ioniens

Les penseurs ioniens ont expliqué le fonctionnement du monde par la raison. Se rendant compte que tout changeait, tout périssait, ils se sont alors posés une simple question : « Y a-t-il quelque chose de persistant et permanent à travers le changement ? ». Cette chose, c’est la substance.

Les penseurs ioniens ont expliqué la formation et le fonctionnement du monde par la raison et le raisonnement sans recourir aux divinités ou à une conception théologique. Se rendant compte que tout changeait, tout périssait, ils se sont alors posés la question : « Y a-t-il quelque chose de persistant et permanant à travers tout le changement ? ». Cette chose, c’est la substance. Un être subsistant, constituant l’essentiel des choses et qui maintient l’être et soutient le changement.

Thalès de Milet (625-547 av. n. ère) : considéré comme l’un des « sept sages » de l’Antiquité et parfois comme le premier philosophe occidental, Thalès était un astronome, mathématicien et ingénieur. Il travailla à la réalisation de nombreux ouvrages favorisant le développement de sa cité.

L’explication du monde est à rechercher dans un principe unique. L’origine de toute chose, le fondement et le principe du monde résident dans l’eau. Animiste, Thalès considérait la substance de l’eau comme le principe de toute chose (arkhè [ἀρχή]) et par conséquent de toute vie.

Anaximandre (611-547 av. n. ère) : Élève de Thalès de Milet, Anaximandre proposa un premier système global du fonctionnement du monde et de la nature. Son système se base avant tout sur une démarche spéculative et non empirique. Le principe de toute chose est, selon Anaximandre, l’apeiron ([ἄπειρον]), c’est-à-dire l’illimité, l’infini, l’indéterminé. Celui-ci est imperceptible et par nature indéfini.

Les opposés jouent également un rôle prépondérant, puisque ce sont eux qui sont à l’origine de tout mouvement et de toute vie. Ainsi, le froid et le chaud, la glace et le feu, se livrent par exemple une lutte sans merci, jusqu’à ce que l’un survive à l’autre ou acquiert une existence unique. 

Anaximène (585-528 av. n. ère) : Disciple d’Anaximandre de Milet, selon lui, le principe de toute chose est l’air. Ce dernier est à la fois qualitativement déterminé et illimité, n’ayant pas de limite spatiale. L’air est ainsi toujours en mouvement, indivisible. L’âme est elle-même constituée de celui-ci.  

Héraclite (540-485 av. n. ère) : Héraclite vécut à Éphèse, cité située au nord de Milet. Surnommé l’obscure, en raison de son rejet des opinions du plus grand nombre et de ses raisonnements particulièrement aboutis, Héraclite privilégie le feu comme principe de toute chose. Le feu et le conflit sont les moteurs du monde et de son développement. Ainsi, le conflit procède de l’existence d’opposés qui luttent pour leur survie, mais qui semble nécessaire l’un et l’autre. Une chose existe grâce à son contraire : une chose est grande, parce qu’il y a une autre chose plus petite.

Les opposés sont nécessaires pour le développement et le mouvement. Ceux-ci parviennent à une certaine harmonie grâce au logos, c’est-à-dire la raison. Ils constituent une force libératrice. Tout devient, rien ne subsiste.  

« On ne se baigne jamais dans le même fleuve ».