Piliers de la philosophie chinoise

La philosophie chinoise constitue une pensée incontournable par sa dimension et sa portée historique que par ses différences avec la philosophie occidentale. Si la première s’appuie avant tout sur l’exemplarité, la fluidité de la pensée et la synthèse, la seconde repose sur la démonstration, la rigueur de l’argumentation et l’analyse. 

La pensée chinoise est extrêmement riche. Néanmoins, de manière très simplifiée, les trois piliers de la philosophie chinoise sont le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme.  

Le Taoïsme

Le Taoïsme tire ses origines de Leo-Tseu (570-490 av. n. ère), personnage semi-légendaire, qui se retira dans les montagnes pour méditer. Il rédigea alors le Livre de la Voie et de la Vertu.

Le Tao est l’origine de toute chose. Il « donne vie à tous les êtres, puis sa Vertu les nourrit, les fait croître, les soigne, les achève, les porte à maturité, les entretient et les engloutit »[1].

Le Taoïsme consiste dans le Jing, à savoir la voie (Dao), c’est-à-dire la conduite juste, et la vertu.

  • La voie : le fonctionnement des choses et la voie à suivre
  • La vertu : les forces qui s’appliquent sur ce fonctionnement.

Le Taoïsme dans sa forme populaire regroupe un animisme. Toute chose vivante bénéficie d’une énergie, d’un souffle : le Qi. Ce souffle tire ses origines du chaos primordial, qui générera le cosmos. Le Qi lourd créa la terre, le Qi léger le ciel. Il en va de même de l’Homme, constitué à la fois de l’un et de l’autre.

Le Tao s’appuie ainsi sur la conception ancienne du yin et du yang, à savoir le principe d’équilibre entre deux opposés complémentaires. Ces opposés se retrouvent par exemple dans les rapports entre la terre et le ciel, le féminin et le masculin, le vieux et le jeune.

Le Yin est le noir, le yang, le blanc. Parmi les représentations graphiques, qui s’entrelacent, certaines fusionnent en leur centre, d’autres comprennent en leur sein leur contraire. 

Le taoïsme a pour finalité la fusion mystique entre l’homme et le Tao, c’est-à-dire le principe suprême et transcendant à l’origine de toute chose. Sans commencement ni fin, le Tao consiste dans la quête ultime de l’homme sage. L’homme doit ainsi trouver le chemin qui le conduira à celui-ci, en renonçant au désir, à l’action dans le monde et en retrouvant sa simplicité originelle[2], c’est-à-dire l’équilibre et l’harmonie du cosmos.

Le taoïsme parait être une pensée alléchante, en lien avec un monde idéal où la pensée mystique (le Tao est né du néant) prend le pas sur la rationalité. Son individualisme et son détachement peuvent néanmoins entrer en contradiction avec la réalité du monde terrestre et la nécessité de le transformer. Sous diverses formes, couplées au Bouddhisme, il se rependra en Occident sous la pensée Zen et la pratique de la méditation. 

Le confucianisme

La pression démographique et les problèmes d’alimentation de la population, en lien avec de faibles rendements agricoles, poussent certains penseurs à organiser de manière plus rigoureuse la société. De plus, la période dite des « Royaumes combattants » (Ve siècle à 221 av. n. ère) nécessite de tendre vers une pacification sociale.  

Confucius (551-489 av. n. ère) : Kong Fuzi ou maître Kong, latinisé par les jésuites Confucius, est l’un des plus grands penseurs de la Chine. Précepteur, conseiller et ministre, il renonce à ses activités pour se consacrer à l’enseignement et au développement de sa pensée. Selon la légende, il rencontra Lao Tseu. À son retour, ébranlé, Confucius garda le silence pendant trois jours. Il crée alors une école, ouverte à tous, indépendamment de sa richesse ou de son statut. Il consacre la pensée lettrée : poésie, peinture, calligraphie, manifestation de l’harmonie et du bien-être[3].

Le confucianisme repose notamment sur deux préceptes : le rituel et l’étude.

  • Le rituel permet d’acquérir l’appartenance à un groupe.
  • L’étude favorise le désir de l’amélioration de soi.

Contrairement au taoïsme tourné vers l’intérêt particulier et individuel, le confucianisme valorise le devoir collectif, l’intérêt général. L’homme n’est pas bon par essence, mais il est perfectible. L’Homme doit ainsi se parfaire, par l’éducation et la connaissance de lui-même, en distinguant notamment le bien et le mal. Toutefois, plus que la méditation et l’étude, c’est l’action et l’accomplissement de ses devoirs qui prédominent, sans se laisser affecter par ses échecs ou réussites[4]. Ainsi, il pourra, de par la place qu’il occupe dans la cité, réaliser l’intérêt général, l’ordre et l’harmonie de la société. 

Par l’étude de la voûte céleste, sa connaissance de lui-même, la pauvreté, la droiture et l’altruisme, le sage parviendra à tendre vers cet horizon du développement harmonieux de la société.

Notes

[1] PARAIN, Brice (dir.), Histoire de la philosophie, vol. 1, France, 1969, p. 296.

[2] Huisman, Denis (dir.), Dictionnaire des 1000 œuvres-clés de la philosophie, France, 1993, p. 487-488.

[3] LHÉRÉTÉ, Héloise, Les sagesses antiques, France, 2023, p. 225.

[4] PARAIN, Brice (dir.), Histoire de la philosophie, vol. 1, France, 1969, p. 276.