L’éclairage électrique de la Ville

Le 16 mars 1890, une cinquantaine de lampes du Cercle de l’Union républicaine, de l’Hôtel des Postes et du Temple s’allument. L’inauguration officielle a lieu le 15 juin avec la population et devant un parterre d’officiels. L’énergie est fournie par la nouvelle usine électrique de la Ronçonnière. Sur celle-ci, on peut lire : “Post tenebras Lux” (Après les ténèbres, la lumière).

La Mère commune devient dès lors, non pas la première ville de Suisse a bénéficié d’un éclairage électrique, mais la première a bénéficier de celui-ci par le biais d’une usine électrique publique, c’est-à-dire entièrement en main communal.

Du gaz à l’électricité

La Ville n’a cependant pas attendu l’arrivée de l’électricité pour être éclairée. Progressivement, la bougie fait place au réverbère à gaz. Si dans les grandes capitales européennes, le gaz se répand entre 1810 et 1830, la Suisse attend les années 1840 (1843 : Berne, 1844 : Genève). Au Locle, après de nombreuses discussions, une usine à gaz privée est construite en 1862 à la rue des Envers. En novembre, après plusieurs essais, l’éclairage public entre en fonction.

En 1886, les autorités proposent la réalisation d’une usine à gaz communale. Toutefois, un ingénieur originaire du Locle, représentant la société genevoise Meuron & Cuénod, brancha “une dynamo sur l’une des roues hydrauliques des anciens moulins souterrains” du Col-des-Roches [1]. La lumière jaillit. Les observateurs sont impressionnés. Les autorités décident d’exploiter la “galerie d’écoulement, construite en 1805, dans les gorges de la Ronçonnière” [2].

Trente ans après la première installation, l’électricité supplante le gaz pour l’éclairage public… et marque l’arrivée de la Mère commune dans une nouvelle ère.

Le développement précoce de l’électricité en Suisse s’explique notamment par le fait que le pays ne bénéficie pas ou peu d’énergie fossile (charbon, gaz, etc). Électricité amènera un confort non négligeable. Toutefois, elle favorisera également la prolongation de la journée de travail, tant le matin que le soir.

Illustration

Musée d’histoire du Locle

Source

CALAME, Caroline, Les Lumières de la Ville : histoire de l’éclairage au Locle, Editions G d’encre, Le Locle, 2009.

HAUSER, Andreas & BARBEY, Gilles (Société d’histoire de l’Art en Suisse), “Le Locle”. In Inventaire Suisse d’Architecture 1850-1920 (INSA), Zürich, 1991.

Notes

1. HAUSER, p. 147.

2. HAUSER, p. 148.

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