Moulins du Col-des-Roches

L’eau est source de vie, mais aussi… d’énergie ! Les habitants de la vallée du Locle ne s’y sont pas trompés. Au 16e siècle, la localité se couvre de moulins. Ceux-ci vont jouer rôle fondamental dans l’histoire. La maîtrise de la force hydraulique va ainsi permettre d’améliorer la production dans le domaine alimentaire (moudre le grain) ou industriel (forge, scierie…), favorisant le développement de la Mère commune.

Le Locle se couvre de moulins

Avec ses multiples sources, la Mère commune voit s’ériger de nombreux moulins. Au 16e siècle, nous pouvons mentionner notamment celui de la Combe Girard, dit « des Chaudières », celui de la Jaluse, celui en est de la localité dit « Le Gros Moulin » et, sans doute à proximité, « Le Petit Moulin ». Certains moulins bénéficiaient de sources d’approvisionnement chaude, permettant une exploitant durant la saison hivernale. 

Pour tirer profit de l’énergie hydraulique et de la force gravitationnelle, les installations sont construites parfois dans des endroits escarpés. En 1793, Les frères Girardet écriront sur le Moulin de la Combe-Girard : « Cet endroit est peu connu. Il est situé à un quart de lieue du Locle, au sud-est ; on y arrive par la Combe Girard, lieu écarté & solitaire, environné de tous les côtés de sapins, où se trouvent deux sources d’eau minérales dont on fait assez usage. En s’engageant dans le fond du bois on arrive aux Chaudières, lieu ainsi nommé parce que le cours d’un ruisseau en creusant le roc par la chute d’eau a formé par la suite du temps cinq bassins dont l’eau tombe de l’un dans l’autre ; un moulin adjoint au rocher domine sur le haut. Il est assez difficile de parvenir au dit moulin en montant successivement d’un bassin à l’autre, mais il est encore d’avantage d’y descendre. Lors donc que l’on est parvenu en haut on trouve à sa gauche le chemin de Neuchâtel qui vous conduit au Locle »[1].

Ces installations ne se trouvent pas forcément en hauteur. Ainsi, au 17e siècle, on se décide d’aménager les entrailles de la terre et d’y construire ce qui allait être encore aujourd’hui : les Moulins souterrains du Col-des-Roches. 

Les Moulins souterrains du Col-des-Roches

En 1660, le Conseil d’État accorde à Jonaz Sandoz une concession pour l’exploitation de la partie ouest du Bied. Des deux rouages déjà établis, il fait creuser la roche et y installe, avec ses partenaires, cinq roues hydrauliques. Acculé financièrement, Sandoz vendra la structure en 1690. Repris, les moulins connaîtront différentes transformations durant les siècles suivants.

À noter toutefois que les Moulins du Col-des-Roches et le périmètre à proximité ne dépendaient pas de la mairie du Locle, mais de celle de Rochefort. Ce n’est qu’en 1821 que cette partie de la vallée fut rattachée à la juridiction du Locle. En 1884, la collectivité rachète les moulins.

En 1898, les Moulins cessent leurs activités et se transforment en abattoirs pour le bétail importé. Ils deviennent malheureusement un dépotoir pour les carcasses et les eaux usées. En 1966, le site, foncièrement pollué, ferme.

Restauration du Site des Moulins souterrains

En 1973, des passionnés d’histoire et de spéléologies se lancent dans la requalification du site. Ils créent la Confrérie des Moulins. Avec l’accord de l’archéologue cantonal et celui du Conseil communal, ces passionnés, au nombre de six, travaillent tous les jeudis soir, et ce en toute discrétion. Débutant avec des brouettes, des rails et un wagonnet y sont par la suite installés pour excaver les centaines de m3 de gravats[2].

En juillet 1987, les moulins sont ouverts aux publics. La fréquentation connaît d’emblée un franc succès. Une fondation pour la gestion des Moulins créée.

En 1991, le bâtiment principal accueille également le musée d’histoire de la Ville. Celui-ci avait pris ses locaux en 1911 au musée des Beaux-arts avant de déménager en 1959 au Château des Monts[3].

Une renommée retrouvée

Au 18e siècle, le philosophe Karl Viktor von Bonstetten (1745-1832) écrivait que « les fameux moulins sont connus dans le monde entier »[4]. Aujourd’hui encore, les Moulins souterrains du Col-des-Roches et son musée d’histoire constituent l’un des lieux touristiques et muséaux les plus visités des Montagnes neuchâteloises.

En 2012, les bâtiments sont communalisés, la fondation des Moulins gardant la gestion muséale. En 2016, les bâtiments et les abords des Moulins bénéficient d’une rénovation extérieure valorisant le site.

Notes

[1] Girardet, frères, Almanach, 1793.

[2] CONFRERIE DES MEUNIERS DU COL-DES-ROCHES, Les Moulins du Col-des-Roches : Histoire et restauration, Le Locle, 1979, p. 14-17.

[3] L’IMPARTIAL (DROZ, Claire-Lise), Musée d’histoire au chaud, 22 janvier 1992.

[4] TERRIER, Philippe, Le pays de Neuchâtel vu par les écrivains de l’extérieur : du XVIIIe à l’aube du XXIe siècle, Attinger, Hauterive, 2017, p. 49.

Illustration

Photo : Musée des moulins souterrain

Bibliographie

CALAME, Caroline, Les Moulins souterrains du Col-des-Roches, Editions Gilles Attinger, Hauterive, 2005.

CONFRERIE DES MEUNIERS DU COL-DES-ROCHES, Les Moulins du Col-des-Roches : Histoire et restauration, Le Locle, 1979.

Site des Moulins du Col-des-Roches

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